- FASSI (M. A. EL-)
- FASSI (M. A. EL-)FASSI MOHAMMED ALLAL EL- (1906-1974)Descendant d’une célèbre famille dont le rayonnement intellectuel a été particulièrement brillant à Fès, Allal el-Fassi (‘All l al-F ss 稜) a fortement marqué la vie sociale et politique du Maroc pendant près d’un demi-siècle. À peine entré à l’université de la Qarawiyy 稜n en 1927, il forme, avec quelques fils de famille, une association de jeunesse contestataire. Nourri de la pensée de mystiques et de politiques musulmans, il ambitionne de devenir le prophète du mouvement nationaliste. Entre 1920 et 1930, il publie des poèmes, participe à la propagation des écoles arabes libres, fait de la propagande en faveur d’Abd el-Krim, manifeste contre le Dahir berbère (1930) et connaît à deux reprises l’internement.Après deux années d’enseignement à la Qarawiyy 稜n, il renonce à sa chaire. Toujours suspect, il échappe aux autorités françaises locales et gagne Paris, où il rencontre l’émir Chekib Arslan, le prestigieux partisan du panarabisme, en exil (1933). Il suit alors le mouvement national naissant et son animateur Hassan el-Ouazzani. Revenu à Fès en 1934, il participe, au sein du Comité d’action marocaine, à l’élaboration du Plan de réforme qui sera proposé à Paris sans succès. Élu président du nouveau Parti national formé en 1937, il est, par une mesure de sûreté prise par le gouvernement français pour couper court aux mouvements des masses marocaines, exilé peu après, pendant neuf ans, au Gabon. Coupé des mouvements d’idées qui animaient l’Europe et le monde arabe, il est acculé à ruminer les enseignements de la Qarawiyy 稜n. Une fois libéré, la hâte de rattraper son retard peut expliquer l’ambiguïté qui caractérise ses œuvres.De retour au Maroc en 1946, il devient l’un des leaders du parti Istiql l créé en 1943, mais doit très vite s’exiler. Vivant à l’étranger de 1947 à 1953, il noue des contacts avec les représentants des pays arabo-musulmans de la Ligue arabe et s’installe au Caire (mai 1947), où il milite, aux côtés d’Abd el-Krim, des Tunisiens et des Algériens, pour former un Comité de libération du Maghreb. Il rassemble la documentation pour son premier livre écrit en 1948, Les Mouvements d’indépendance au Maghreb , qui sera traduit en anglais en 1954 sous le titre The Independence Movements in Arab North Africa . Les causeries de caractère philosophique et théologique qu’il donne comme maître de conférence à l’université al-Azhar seront publiées au Caire, en 1956, sous le titre De l’Occident à l’Orient . Paraît enfin, toujours au Caire, son œuvre maîtresse, L’Autocritique . Parallèlement à ces activités, Allal diffuse sur les ondes de la Voix des Arabes une série de discours publiés en 1957 sous le titre L’Appel du Caire . Profondément légaliste et fidèle au principe monarchique, sa mystique le rapprochait des Frères musulmans.Ayant désapprouvé les négociations d’Aix-les-Bains, puis le traité d’indépendance qui mutile la carte d’un «Grand Maroc» (incluant la Mauritanie et le Sahara algérien) dont il rêvait, il regagne le Maroc en août 1956 pour la réunion du conseil national du parti de l’Istiql l. Il en apparaît alors comme l’un des principaux dirigeants. Avec celui du roi Mu ムammad V, auquel il était profondément attaché, son nom sera acclamé par les foules à l’annonce de l’indépendance. En 1958, il préside la conférence de Tanger, où les trois grands partis maghrébins Istiql l, Néo-Destour et F.L.N. expriment leur solidarité.Après la scission qui intervient en 1958 au sein de l’Istiql l, la tendance progressiste s’en détachant pour former l’Union nationale des forces populaires, Allal el-Fassi demande des pouvoirs spéciaux pour réorganiser le parti et déploie, comme président, une activité débordante. De 1961 à 1963, il est ministre d’État chargé des Affaires islamiques. Rejeté ensuite, avec son parti, dans l’opposition, il accepte en 1970 un rapprochement avec l’Union nationale des forces populaires pour former le Front national, qu’une scission devait briser en juillet 1972. Débordé à sa droite et à sa gauche, Allal el-Fassi n’est plus dès lors représentatif que d’une élite intellectuelle dépassée par les événements; dans un message adressé le 30 novembre 1973, il devait rendre hommage, en sa qualité de président de l’Istiql l, à l’action du roi Hassan II.
Encyclopédie Universelle. 2012.